L'Escalier de La Reine

Un Opéra d’Église

Livret de Jean-Pierre NORTEL

Musique de Jean-Thierry BOISSEAU

Personages:

Marie-Antoinette - Soprano Dramatique

La Femme en Noir - Soprano

La Servante - Soprano Lyrique

Le Commissaire du Peuple - Baryton-Basse

Ensemble Instrumental :

orgue avec pédale obligée, clavecin Pleyel,

percussions :

un vibraphone, 2 timbales, un tam-tam, un jeu de cloches,

wood-blocks, une caisse claire, crécelles et autres petites percussions.

un quatuor vocal (S.A.T.B)

 

Note de l’auteur

Ce livret retrace les derniers jours de la Reine Marie-Antoinette, depuis son entrée à la Conciergerie jusqu’à l’échafaud, il évoque ses derniers instants et sa force d’âme devant la mort.

La Reine rejetée de la société, se relève pour retrouver une vraie dignité humaine dans l’égalité de tous les vivants devant la mort.

Pour son geste de charité, la Servante deviendra « Reine » en montant l’escalier de la guillotine qui est sa dernière ascension vers l’Espérance de l’Immortalité.

La cruauté et la haine du tribunal révolutionnaire envers la princesse autrichienne se changeront en un hymne au respect de la vie et aux droits de tous les hommes.

 

Le gradin est l’élément essentiel du décor ; il a trois significations :

- les marches qui descendent au cachot de la Conciergerie

- les bancs des juges et du peuple

- l’échafaud qui fait monter à la mort

 

 

Décor :

Derrière les musiciens, un escalier de bois en perspective de quatre ou cinq marches. Il est à la fois la montée de l’échafaud et un chemin au-delà du drame.

Au pied de l’escalier : un encadrement de porte très basse. Coté jardin, une tables de bois et un tabouret. L’escalier sert de gradin à l’ensemble vocal.

Personnages :

La Reine ( Soprano. dram. )

La Femme en noir - la Mort ( Soprano )

La Servante ( Soprano )

Le Commissaire du peuple ( Baryton )

Le Chœur :

Quatuor vocal ( S.A.T.B )

Les solistes renforcent de temps à autres le chœur.

Le thème essentiel de cette ouverture est l’approche de la mort. On entre très rapidement dans un univers de violence à peine contenue, sans apitoiement ni plainte inutile. Il n’est plus temps de pleurer ni de s’attendrir, seule la dignité rédemptrice est de mise.

Jean-Pierre NORTEL

NOTE du COMPOSITEUR

L’Escalier de la Reine fut d’abord une commande faite auprès de Jean-Pierre Nortel et de Georges Delerue à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française. Le livret fut écrit mais le compositeur attitré de Truffaut et de la Nouvelle Vague mourut sans avoir commencé son travail. Ce n’est que douze ans après, que l’auteur, dressant en vue d’édition le manifeste des textes qu’il avait écrits pour le théâtre, retrouva ce livret.

Jean-Pierre Nortel me remit alors son tapuscrit, à charge pour moi de le mettre en musique s’il me plaisait.

Et d’emblée ce texte me plut. J’y trouvai dès la premier lecture une fraîcheur que j‘aimai ; la touchante naïveté des images d’Épinal y côtoyait l’expression d’une rare élégance, cachant une réflexion d’une autre profondeur. La construction dramatique me semblait des plus efficaces. Il s’agissait en fait moins d’un opéra, fut-il (comme son nom l’indique toujours) “d’Église”, mais d’une Passion, la Passion de Marie-Antoinette d’Autriche - Lorraine, Reine de France.

C’est curieusement en bon républicain que je m’intéressai alors, avant même de donner définitivement mon accord, à la vie de Marie-Antoinette, ou plutôt à sa fin et en particulier à son testament dont la lecture acheva de me convaincre. On n’écrit pas une oeuvre “contre”. Ce livret est clair. Il ne s’agit en rien d’une réhabilitation ; c’est en revanche l’histoire d’une rédemption et la rédemption m’intéresse en dehors de tout possible ou probable contexte religieux par ce qu‘elle a d‘universel. Les croyants chrétiens ou autres n’en ont en aucune manière le monopole pas plus qu’ils n’ont celui de la justice ou de la dignité . C’est aussi bien sûr une histoire de mort, une histoire où Éros n’est plus seulement le compagnon de route mais l’allier objectif de Thanatos et son arme la plus sinistre et la plus affûtée ( l’Aveu du Dauphin ).

Une fois débarrassé de cette hypothétique tutelle, je revins sur ce texte et j’en fus rapidement suffisamment imprégné pour définir mon projet musical. Le livret qu’il suffisait de suivre pas à pas me guidait dans ma progression dramatique. Le style d’écriture choisi pour l’occasion par Jean-Pierre Nortel me dirigeait dans un sens très précis . Les contingences de production me firent choisir rapidement la formation pour laquelle j’allais écrire.

Ce livret est ainsi fait, qu’il ménage une progression dramatique classique mais efficace, puisqu’il utilise les procédures habituelles du théâtre occidental.

Pour ce qui est du style je me référai au compositeur à qui était originellement destiné ce livret. Il se trouve que j’aime beaucoup les oeuvres de Delerue, autant celles qu’il écrivit pour le cinéma que celles qu’il ne lui a pas consacrées, mon goût du contrepoint n’étant pas étranger à l’intérêt que je lui porte; il était par ailleurs, pouvant se le permettre, visiblement insensible aux diktats, ukases et autres pressions d’ordre esthético-éthiques de l’époque.

Puisqu’il s’agit bien d’une Passion, en référence moins aux Passions de Bach qu’à celles qu’on donnait sur les parvis au moyen-âge, je décidai donc d’écrire une oeuvre populaire, facile et je le souhaite efficace. J’ai voulu le faire simplement, dans la concision, par une déclamation constamment syllabique (seules quelques très courtes vocalises émaillent le discours) et je ne demande aux musiciens, solistes, choristes ou instrumentistes, rien de bien périlleux. Seul l’organiste est mis à rude épreuve puisqu’il joue tout le temps ; le claveciniste et le percussionniste sont aussi constamment mis à contribution et voient plus souvent qu’à leur tour leur virtuosité sollicitée.

Pour ce qui est de la formation instrumentale, j’ai repris en partie pour des raisons économiques, la nomenclature du Fils Prodigue de B.Britten : Voix, Orgue, Harpe et percussions ; mais j’ai remplacé pour des questions de goût et de rendement sonore, la harpe par un clavecin. Je souhaite un clavecin Pleyel, pour régler définitivement toute discussion sur d’hypothétiques et facétieuses questions d’organologie et aussi par ce que, si j’aime un original ou à défaut une belle copie de Taskin ou de Blanchet, j’ai la faiblesse d’aimer aussi la grosse machine de Wanda Landowska, ayant depuis quelques années déjà et après une période précoce et radicalement baroqueuse, définitivement réglé mon rapport aux instruments anciens et renoncé par la même occasion à bouder mes plaisirs...

 

J’ajouterai que puisque j’ai fait pour cette oeuvre le choix délibéré du néo-classicisme, autant l’assumer jusqu’au bout...

Je pensais à l’origine à un simple positif avec pédalier ; j’ai vite compris qu’en raison de l’importance que par mon écriture et la nécessité de la dramaturgie je donnais à l’orgue, il fallait un instrument plus important. Il faut autant que faire se peut un orgue d’une vingtaine de jeux, de deux claviers dont si possible un récit expressif, muni d’un plein jeu au grand orgue et d‘un seize pieds même fermé à la pédale. Les orgues de chœur de nombreuses églises peuvent satisfaire cette demande.

Si d’aventure la seule solution de l’orgue électronique apparaissait comme possible, je mettrai de coté, si l’instrument est de haut de gamme, mon atavisme organier... il s’agit ici de théâtre musical et non d‘un concert d‘orgue..

Pour ce qui est des voix, vous constaterez qu’il n’y a pas de ténor si ce n’est dans le chœur. Ce n’est pas par ostracisme, mais tout simplement parce qu’aucun personnage ne peut ici être confié à cette voix. Les chanteurs devraient en dehors des qualités vocales et musicales et dramatiques dont rêve tout compositeur avoir une parfaite diction.

Cette oeuvre est truffée de références. On y trouve des bribes de musiques populaires, des traces de grégorien, des effluves de cantiques et quelques hommages cachés ou avérés à des musiciens que j’aime (Duruflé pour beaucoup, Poulenc bien sûr, Dupré parfois et Jehan Alain souvent, pour ne citer que les plus évidents et qui ont en commun le fait d‘avoir écrit pour l’orgue et pour la voix ).

Peut-être me reprochera-t-on d’avoir, parallèlement, fait mon marché du côté de Saint-Sulpice ; je le revendique car le sujet et mon envie s’y prêtent... C’est ainsi que pour ce qui est du langage musical adopté, il est le plus souvent bien consonant, et ce sans aucune vergogne ni le moindre complexe... pas plus que d’état d’âme pour l’utilisation réitérée de la tierce mineure .

Mon ami François Pigeaud me disait toujours qu’il préférait être surpris qu’ému... Nous étions à l’époque de Musiques en Jeu... et je prétendais alors, pour m’opposer à ce genre de sophisme, qu’il est plus facile de surprendre que d’émouvoir : Guignol et son bâton à chaque instant surprennent le gendarme...

Ce genre de préoccupation ne me taraude plus vraiment qui vire le plus souvent et très vite dans sa formulation au “sujet de baccalauréat” ...

J’ai donc tout simplement envie d’émouvoir... J’espère y parvenir. Si d’aventure je surprenais...

Jean-Thierry Boisseau

 


"L' Escalier de la Reine" Sacred Opera in One Act/Opéra Sacré en un act text/libretto by Jean-Pierre NORTEL score 69€95 matériel en location/performance parts on rental

 
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